Le zéro déchet, les femmes et la charge mentale

 

Voilà un article que je ne pensais pas forcement écrire.  Mais je suis régulièrement interpelée sur la charge de travail qu’apporterait le zéro déchet et notre condition de femme. La réflexion que j’entends souvent est ” Et qu’en je pense à toute l’énergie que nos mères ont dépensé pour nous libérer de ça ! Vous vous nous y remettez” (phrase entendu sur le marché de Noël cette année). 3 mois plus tard, je l’ai encore dans la tête, pour dire comme cela m’a marqué !

Préambule

Premièrement, je tiens à dire ce que je pense de cette journée des droits des femmes. Je trouve triste qu’en 2020, la femme est encore besoin d’avoir sa journée pour pouvoir parler d’elle. Plus de 50 ans après 68, nous avons progressé mais l’égalité n’est pas encore de mise en France. Que die d’autres pays !

Deuxièmement il est important pour moi aussi de dire que cet article n’est que ma réflexion. Celle d’une femme élevée par une féministe et qui n’a jamais eu besoin de se battre pour ses droits de femme.

J’ai la chance d’avoir un compagnon qui me respect, qui participe à toutes les tâches ménagères et qui me laisse faire mes choix. Je n’ai jamais eu besoin d’avoir recours à l’avortement. J’ai eu accès à la contraception quand j’en ai eu envie. Je n’ai jamais eu de vraies difficultés sociales. J’ai pu faire de grandes études (Je n’ai pas eu accès aux écoles supérieures privées car couteuses, mais là rien à voir avec ma condition féminine). Bref ma situation de femme blanche, française, d’un milieu ouvrier et progressiste m’a donné toutes les clés pour ne pas trop souffrir de ma condition de femme. Je dis toute de même “trop” car je sais qu’être femme dans les année 90 m’a fermé quelques portes au sein de grandes institutions françaises après avoir fini mes études en sciences.

Je n’ai donc jamais souffert de ma condition de femme. Et chaque jour, j’ai conscience de la chance que j’ai. Cependant cet article ne remet pas en question ce que peuvent vivre d’autres (femmes méprisées, battues, violées, maltraitées). C’est abject.

Et le zéro déchet ?

Je lis donc souvent que le mode de vie zéro déchet ajoute de la charge mentale supplémentaire aux femmes, que c’est un retour en arrière, et replace la femme derrière les fourneaux. C’est à dire là où nos mères ne voulaient plus être. Que les couches jetables, les grandes surfaces et leur suremballage, que le tout jetable sont là pour faciliter la vie de la femme. Ces objets nous ont permis de nous libérer de ces tâches ménagères. Mais pour moi, dire ça, c’est simplement laisser la femme prendre en charge ces tâches.  La laisser derrière les fourneaux. Quid de la place de l’homme dans cette sphère ?

Pourquoi le tout jetable serait la solution ? Comment, en faite, la destruction de notre environnement serait la solution ? Je sais que je pousse un peu loin le bouchon, Maurice ;). Cependant, je crois qu’il est raisonnable de penser que le tout jetable participe à cette débauche d’énergie, de prélèvement de ressources et de production de déchets.

Pour un avenir raisonnable, le tout jetable n’est donc pour moi pas la solution.

Quelles solution ?

Loin de moi l’idée de vouloir refaire le monde ici. Seule, j’en suis bien incapable. Mais quelques petites réflexions personnelles.

Je tiens encore à redire que le mode de vie zéro déchet ne veux pas dire 100% fait maison. Au début, lorsque nous avons démarré, certes. En 2012, lorsque j’ai commencé à faire mes produits maison, il n’existait aucune autre alternative. Si je souhaitais un produit sans emballage, je devais le faire moi-même.

Mais aujourd’hui, de nombreuses épiceries zéro déchet ou de magasins bio proposent la plupart des produits nécessaires sans emballage. Alors bien-sur, je suis également sur un territoire, la Loire atlantique, richement doté. Et elle est là l’une des difficultés, la répartition sur l’ensemble du territoire français de ces outils. Là nos politiques pourraient aider en favorisant et soutenant ce type de projet. Mais j’ai bien conscience que les territoires désertés n’ont pas que cette problématique là.

Le “Fait-maison” peut donc être parfois la solution et permet aussi de faire des économies. Dans ces cas-là, choisissons des recettes simples (avec 3-4 ingrédients) et rapide à réaliser.

 

Pour que le zéro déchet ne soit pas une charge mentale supplémentaire pour la femme, laissons aussi la place aux hommes. Cela passe évidemment par l’éducation des plus jeunes (garçon ou fille), par la “non sexualisation” des jouets et autres activités, mais aussi par la déculpabilisation. Et là je parle simplement de mon expérience.

Je me souviens, lorsque j’étais en congé parental, ne pas supporter voir mon compagnon saisir une éponge, un balai. Inconsciemment, je m’étais remise à la place de cette “bonne ménagère” qui devait prendre en charge son foyer pendant que l’homme travaillait. Mais je m’y suis mise toute seule. Je n’ai pas eu besoin de qui que ce soit pour me mettre dans cette position. Peut être portée pas un inconscient collectif qui met encore la femme à cette place (il suffit de voir encore certaines pubs présentant la femme dans sa cuisine, ou bien nue pour présenter un simple parfum !). Il m’a fallu un certain temps (plusieurs années) pour laisser mon chéri faire le ménage SANS culpabiliser.

Et en faite, je pense que la vrai solution est là. Le zéro déchet n’est pas une charge mentale supplémentaire pour la femme si les tâches nécessaires à l’entretien d’un maison, et la vie d’un foyer sont réalisés indifféremment par les membres de la famille, parents, enfants …  Bricolage, achats, ménage … sont autant de tâches à réaliser en famille, à permettre aux enfants d’apprendre, à vivre ensemble …

Et là je me dit que j’ai encore un peu de chemin. En effet mon problème aujourd’hui n’est plus de laisser la place à mon compagnon, mais à mes enfants dans ces tâches.

 

 

 

 

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